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PAS DE DESTIN,
MAIS CE QUE NOUS
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QUATRIÈME PARTIE
Altha

VI
– Impéritie –


22 octobre 2084. Birmanie,
Myitkyina.
À plus d’une centaine de kilomètres de la frontière chinoise, la ville, surexploitée pour les terres rares, notamment, est un cloaque industriel où s’entasse plus d’un million d’habitants ; pour la plupart, des ouvriers sous-qualifiés, exploités éhontément par les grosses compagnies internationales.
Alors que la guerre sino-tsariste continue de faire rage au nord-ouest de la Chine, dans le Xinjiang depuis la fin des années 2070, après les premiers échecs de Zhao Licheng[1] sur la frontière sino-tsariste. Les événements viraux de 2081 en Birmanie ont fini par réellement inquiéter la Chine. D’autant que la ville chinoise de Kunming importe les terres rares venant de Birmanie.
(le dialogue original est en mandarin, langue partagée par les Chinois et les Birmans du nord)
— Général, les nouvelles de Myitkyina sont inquiétantes, le HAD-81[2] s’y développe de manière incontrôlée.
— On m’en a informé, cher compagnon, mais que peut-on y faire ?... vous avez une suggestion ?
— Oui, j’en ai parlé déjà avec le généralissime Than Kyaw Hlaing...
— Ah, fort bien, et ?
— Il suggère une frappe préventive sur Myitkyina.
À l’autre bout, au téléphone, un silence gêné se fait entendre durant quelques instants.
— Vous voulez parler d’une frappe conventionnelle j’imagine ?
— Eh bien... plutôt atomique, cher compagnon.

***

16 mai 2085. New-York.
— No nukes, no lies !
Plus d’un million de manifestants de tous âges, de tous États, de toutes classes, scandent le slogan dans les rues bondées de “la ville qui ne dort jamais”.
Le tee-shirt “Fission = mort” fait fureur, sur fond noir avec le logo d’Act-Live.
Theodore R. Grant[3], le président des USA, est dans le bureau ovale en réunion de crise avec la Secretary of homeland security, Carmen Liu-Rodriguez ; l’Attorney general, Elijah Freeman ; le White House chief of staff, Thomas Beck ; le National security advisor, Dr. Marina Petrovic et la Directrice du FBI, Rebecca Singh.
(le dialogue est évidemment en américain)
Le président paraît vraiment inquiet.
— Un million de personnes dans les rues... et toujours plus qui affluent. Est-ce que la ville tient ?
La Homeland secretary tente un résumé.
— Les lignes de métro sont saturées. Les ponts de Brooklyn et de Queens sont fermés à la circulation. Le NYPD fait ce qu’il peut. Mais la foule est compacte, et ça devient instable.
— Bien, et le FBI en dit quoi ?
— Il n’y a pas d’actes violents pour l’instant. Mais plusieurs groupes radicaux opposés se font face. Ultra-nationalistes et éco-anarchistes ont été localisés à la périphérie du cortège principal. On surveille, mais la tension monte.
L’Attorney general essaye de tempérer la tension qui naît.
— C’est une manifestation autorisée, monsieur le Président. Ce sont surtout des gens qui veulent qu’on écoute leur peur, pas qu’on la réprime. C’est encore l’Amérique, ici.
La directrice du FBI, très souriante, mais très froidement, douche un peu l’atmosphère.
— Avec tout le respect que je vous dois, Elijah, nous ne pouvons pas ignorer les signaux faibles. Des hashtags appelant à “reprendre Manhattan” commencent à circuler. Et les drones privés qui pullulent.
Le président semble accablé. The advisor, la Dr. Marina Petrovic, sa plus proche collaboratrice sur les questions de sécurité, précise quelques points importants.
— Il faut prendre en compte aussi d’autres fauteurs de troubles ; les Russes notamment, qui amplifient les vidéos en boucle sur leurs réseaux. Et les Chinois ne sont pas en reste en abreuvant leurs propres réseaux de fakes. Le monde regarde comment on va gérer ça. Notre crédibilité, surtout après la période Walton, est en jeu.
Essayant de rester calme, le Chief of staff pense presque à haute voix.
— Si ça dégénère, ce sera un feu de brousse. Mais si on envoie la Garde nationale trop tôt, on alimente la paranoïa. On perd la narration et on laisse la partie aux ingérences.
Gardant son calme, le même qu’il avait durant la campagne de 2084 face à son adversaire Terry O’Connor, le président s’agace un peu malgré tout.
— Alors qu’est-ce que vous me proposez ? Je ne veux ni d’un Tian’anmen, ni d’un Capitole bis. Je veux un pays debout. Pas une guerre civile rampante.
Carmen Liu-Rodriguez, pragmatique, s’essaie à un plan.
— On envoie des unités de désescalade en renfort, sans fusils d’assaut. Visibilité maximale. Un soutien aux premiers secours. Et des drones fédéraux pour prendre le relais du privé. Mais discrètement.
Elijah Freeman, le speechwriter de la campagne du président, redonne du sens.
— Et un discours, monsieur ! Ce soir... depuis la Maison-Blanche. Pas pour menacer, pour rassembler. Pour rappeler qu’on vous a élu pour reconstruire, pas pour réprimer.
Enfin, l’atmosphère tendue du début s’efface pour laisser place à l’optimisme.
— Très bonne idée Elijah, dire qu’on ne peut pas survivre à HAD-81 si on se déchire entre nous. On ne va pas faire comme en Birmanie ou en Ukraine. De l’humain, encore de l’humain, toujours de l’humain.
Le président paraît ragaillardi par ses conseillers.
— Alors préparez le prompteur. Et faites passer l’ordre direct de ma part ; aucune force létale. Pas de provocations. On écoute. On protège. Et on reste américains, bordel !

***

28 novembre 2085. Kanaky.
Non loin de la nouvelle capitale, Téâ Kanaky[4], l’Hayl a réorganisé une nouvelle base, ne gardant celle du Ngola-Nova que pour y prévenir le mal. Cette nouvelle reste ignorée de ses nombreux ennemis mortels.
Le docteur Joshua Mendes, ce trimestre-ci, en est le porte-parole. Après l’attentat manqué d’Édimbourg, il s’était fait discret, avant de quitter définitivement le Mexique en septembre de cette année, quand les États-Unis ont déclaré la guerre à son pays.
— Mais docteur, nous savons bien que ce n’est pas le Mexique qui est responsable de l’attentat...
— La boucherie, coupe le docteur... Isla, vous avez vu les images de New-York...
— Oui, Joshua, la manifestation était parfaite. Et la réaction épidermique du président Grant est évidemment une erreur politique majeure. Les cinquante mille morts l’ont déstabilisé. Ça n’excuse rien. Et son “cabinet America First”, avec les républicains, restera dans l’Histoire comme un fiasco de la réflexion politique, c’est une évidence.
— S’il reste une Histoire !


[1] Père de Zhao Yueming.
[2] Nom officiel du virus, donné durant le Forum d’Édimbourg de 2084, le terme populaire qui se développe est “l’Hadès”.
[3] Premier président démocrate depuis 2072, élu en novembre 2084.
[4] Cœur de Kanaky.

(partie 4 épisode 7, samedi 19 juillet 2025)