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Imaginaire n°675
vendredi 19 juillet 2024
Selon les circonstances...
RÉPÉTITION
Les rues de Santiago sont vides en ce jour nouveau.
L’énorme vaisseau suspendu au-dessus du Palais de la Moneda reste statique et inquiétant.
Depuis la veille, le monde s’est figé dans l’angoisse réelle cette fois, de cette rencontre du troisième type.
Rafael, étudiant d’El Circo del Mundo[1] depuis quelques mois est devant la télé du Club collectif où il habite.
La quinzaine de personnes autour de lui est silencieuse, tout comme lui, les yeux rivés à ces images.
Clara, sa copine trans est assise à côté de lui. Elle lui tient la main comme si elle ne voulait pas qu’il s’échappe sans elle.
Elle se penche vers lui et lui chuchote la question qui depuis hier l’obsède.
— Tu crois qu’ils sont venus ici pour nous exterminer ?
“Comment je pourrais savoir”, se dit-il avant de se retourner vers elle.
— Non, je suis sûr que non.
“J’espère avoir raison”, se précise-t-il à lui-même, comme pour se dédouaner de son mensonge.
Elle lui fait un sourire... confiante.
L’image à l’écran se brouille d’un coup, la diffusion est parasitée et ce que l’on voit, ce ne sont que d’affreuses lignes horizontales.
Une plainte commune s’exhale de l’assistance de ce foyer. Clara s’est blottie contre Rafael.
— Mon dieu ! Rafael...
Il lui tapote l’épaule comme un grand frère le ferait.
— Ça doit être l’antenne...
“J’espère bien que ce n’est que l’antenne”, se rassure-t-il lui-même.
Mais ça empire, l’écran se fige et ne diffuse plus que de “la neige” sur fond gris.
Dans la salle, un cri d’effroi irrationnel déchire l’atmosphère. Clara s’agrippe à Rafael, sa bouée, son armure.
Rafael se lève, prend Clara par la main. Il a son air sérieux et sûr de lui. Elle, elle a confiance en lui, et elle aime le sentir comme ça, ça lui fait du bien.
“Je ne sais pas si j’ai raison”, s’inquiète-t-il au fond de lui.
Iels marchent rapidement vers le palais présidentiel si bien que peu de temps après iels sont en face du bâtiment, quand Clara, cramponnée à son homme, le regarde.
— C’est là que mon grand-père, Alejandro, est mort, lui dit-elle les larmes aux yeux.
— Au Palais ?
— Dans le bureau du président Allende.
— Alejandro Fuentes ?
Il ralentit d’abord, pour enfin s’arrêter. L’air décontenancé. Elle a soudainement peur de son regard.
— Qu’y a-t-il ?
— Tu connais Chiara Vargas ?
— Non, qui est-elle ?
Rafael, en pleurs, sert contre lui la jeune femme.
— C’était ma grand-mère.
Clara passe d’un sentiment à l’autre, elle le regarde cette fois avec stupeur.
— Je comprends pas, Rafael.
— Chiara, après la naissance de mon père, s’est remariée... avec Alejandro Fuentes.
Clara manque de tomber à la renverse.
— C’est pas vrai ?!!
— Si, et iels sont morts le même jour...
Frissonnante d’émotion, elle se love contre le jeune homme.
— ...dans le bureau du président Allende.
Juste à ce moment-là, plusieurs centaines d’avions de chasse se font entendre avant de tirer sur le vaisseau.
Assez étonnamment, au lieu de répliquer, l’engin commence à légèrement trembler, puis disparaît instantanément.
Quelques secondes de surprise plus tard, une clameur générale secoue la ville.
Rafael, baisse la tête, embrasse sa Clara.
— Cette fois-là, les avions de chasse ont été de notre côté[2].
[1] École de Cirque Social à Santiago du Chili.
[2] 11 septembre 1973, peu avant midi, deux avions de chasse Hawker Hunter bombardent la Moneda à la roquette. Les chars suivent peu après. À 14h, le palais est envahi mais Salvador Allende est déjà mort. Il s’est suicidé à l’aide d'une arme automatique, un AK-47 qui lui avait été offert par Fidel Castro