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LE SOLEIL DU PONT D’AUSTERLITZ

Dimanche 28 juin 2020,
Denfert-Rochereau

La place est grise de monde, 1m50 carré chacun, on ne broie pas du noir, mais du gris... mais bon, les Brigades sanitaires ont autorisé le rassemblement annuel LGBT, sous condition de respecter les “gestes barrières”. D’ailleurs, sur le côté, on peut apercevoir quelques représen- tants desdites Brigades dans leur attirail NRBC, combinaison blanche antivirale et masque.
Coronavirus ou pas, les principales associations se sont, pour une fois, entendues pour pérenniser le défilé de la “Pride”.
L’ambiance est festive, mais on sent bien comme une paranoïa passive... Il fait un temps magnifique. Chaud.
— Salut Marc, salut Christian, alors ça va ?
— Extra Luc, tu vois, masque, gel, préservatifs... on est prêts à tout.
Luc, souriant comme à son habitude, veut nous faire la bise.
Je me recule, et Christian aussi.
— Holà ! Luc... distanciation !
Stoppé net dans son élan fraternel, Luc sourit de plus belle.
— Zut, je m’y fais pas !
Nous lui sourions, compréhensifs.
« Nous sommes 10 000, vocifère le président du Centre LGBT de Paris dans son porte-voix, merci à tous ceux qui ont été tirés au sort pour partager cette Marche des fiertés si particulière, vous aurez la gentillesse de ne pas trop embêter les membres des Brigades, ils sont là pour notre sécurité. »
Christian fait la moue, les Brigades ça n’est pas son truc, ça le rend un tantinet neurasthénique.
Je lui souris amoureusement. [...]