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Cette histoire, fictive, est basée sur des données géographiques exactes et aussi l’absence de documentation sur certains faits qui y sont décrits. Les personnages sont presque tous fictifs.

— Quatre cent soixante-treize morts, mon Colonel !
Le Colonel Arthur Pembroke Hastings, 8ème comte de Westmorland[1], regarde satisfait le carnage perpétré dans cette plaine de la vallée de la White Umfolozi, en plein cœur du pays zoulou. Les corps inertes des guerriers zoulous forment un tapis de chairs mouillé de sang.
— Parfait !...
Le Colonel semble content de lui.
— ...Bien, Surgeon-Major Merton, notre reine Victoria sera contente, nous avons sauvegardé son territoire, ici.
Le subalterne tente de comprendre la situation.
— Pourquoi ?

Trois mois plus tôt, le Haut-Commissaire Henry Bartle Frere[2], gouverneur d’Afrique du Sud depuis 1877, avait envoyé un ultimatum de reddition au roi zoulou Cetshwayo[3]. Évidemment refusé. Puis, lors de la bataille d'Isandlwana, les zoulous ont humilié les Britanniques en les écrasant le 22 janvier 1879.
Il y eut près de mille soldats colonisateurs et deux mille guerriers zoulous tous morts.
Une baffe cinglante à la face des impérialistes trop prétentieux.
Arthur Pembroke Hastings, qui venait à peine de poser le pied sur le sol africain, en début février 1879, délaissant ses terres de Westmorland pour « Relieve the dullness of daily duty »[4], comme il le dit lui-même avec cet air pincé.
La nouvelle de la défaite anglaise à Isandlwana l’avait profondément “choqué”. Les dents serrées, il n’attendait que le moment de fustiger “ces nègres”, comme il le disait sur un ton grinçant.v Fort heureusement pour les autochtones, il n’avait pour le servir que des blancs. Dont le pauvre Rowland Pierce Merton, Surgeon-Major qui, bien que médecin, avait eu le malheur de plaire au Colonel Hastings. Ainsi, Merton était une sorte de secrétaire.

Le matin du 3 mars 1879, Fort Nolela.
— Ah ! Merton, vous qui avez étudié l’Histoire de la médecine à Cambridge, dites-moi, comment classifie-t-on ces... êtres ?
Rowland essaye d’être le plus impénétrable possible. Il déteste être si près de ce personnage hautain.
— Je crains, mon Colonel, que la médecine ou son Histoire ne traitent directement de ce genre de classification. Je dirais toutefois “Homo sapiens-sapiens”[5].
— Je le savais... ce sont des animaux !
Le Surgeon-Major ne répond rien, restant stoïque. Son œil, à cet instant, se tourne vers l’endroit où sont retenus, en dehors du Fort, la troupe de guerriers zoulous prise en embuscade dans ce que les soldats britanniques ont appelé depuis “la passe d’uMgungundlovu”. Cet endroit où ils sont tombés sur ces cinq cents guerriers.
Le Colonel se rapproche de la fenêtre, à côté de son “aide de camp”. Il regarde en direction des prisonniers.
— Il faudrait qu’un seul de ces... choses fasse un mouvement pour que je puisse avoir l’opportunité de me débarrasser de tous.

Ayant pu “s’échapper” de la compagnie de son “supérieur”, Rowland s’essuie la bouche après avoir vomi.
Soudainement, un bruit derrière les palissades provisoires où sont retenus les zoulous capturés.
Des cris en zoulou.
Puis.
— Stand to ! Stand to ![6]
La panique s’empare de tous à cet instant et les premiers tirs de fusil Martini‑Henry se font entendre.

Alors que l’on commence à réunir les cadavres zoulous, la satisfaction du Colonel transparaît encore plus.
Il jette un regard haineux vers Ulundi, capitale des zoulous.
— We shall take this territory, and it shall be ours, as the Lancashire has long been ours at home.[7]


[1] Un titre réel, mais un personnage et donc une lignée fictive.
[2] Convaincu que la paix ne peut régner sur la région tant que la souveraineté britannique n’aura pas été reconnue par tous les peuples d’Afrique du Sud.
[3] Roi du peuple zoulou du 1er septembre 1873 au 4 juillet 1879.
[4] Soulager la monotonie des obligations quotidiennes.
[5] Il n’y a qu’une seule “race” sur Terre, et elle s’appelle bien “Homo sapiens-sapiens” (celui qui sait qu’il sait)... mais on peut être noble et complétement attardé... on en a quelques exemples en France, qui écrivent même des livres édités chez Fayot, notamment.
[6] Aux armes ! Aux armes !
[7] Nous prendrons ce territoire, et il sera à nous, comme le Lancashire l’est depuis longtemps chez nous.

(jeudi 18 décembre 2025, dixième Nouvelle “S'armer pour surveiller”)